Niché au cœur de la Meurthe-et-Moselle, le village de Saint-Rémy-aux-Bois porte en lui les cicatrices et la résilience d’une histoire mouvementée. Détruit puis reconstruit après la Seconde Guerre mondiale, ce petit bourg lorrain incarne le courage et la persévérance face à l’adversité. Plongeons dans le récit captivant de sa renaissance, symbole de tant d’autres communes françaises ayant connu un destin similaire.
Les origines de Saint-Rémy-aux-Bois : un village aux racines médiévales
Avant d’aborder la reconstruction d’après-guerre, il est essentiel de comprendre les origines et l’évolution historique de Saint-Rémy-aux-Bois. Ce village lorrain, dont le nom évoque à la fois un saint patron et son environnement boisé, plonge ses racines dans un passé lointain.
Les premières mentions du village
Les archives historiques nous révèlent que Saint-Rémy-aux-Bois apparaît dans les documents dès le XIIe siècle. En 1176, on trouve la mention « Parochiatus sancti Remigii », indiquant l’existence d’une paroisse dédiée à saint Rémi. Cette référence précoce témoigne de l’ancienneté de l’implantation humaine dans cette région boisée de Lorraine.
L’évolution du toponyme
Au fil des siècles, le nom du village a connu quelques variations orthographiques, reflétant l’évolution de la langue et des usages locaux :
- 1176 : Parochiatus sancti Remigii
- 1421 : Sainet Remey on Boix
- Jusqu’au XXe siècle : Saint-Remy-aux-Bois (sans accent)
- 1961 : Saint-Rémy-aux-Bois (officialisation de l’orthographe actuelle)
Il est intéressant de noter que l’accent sur le « é » de Rémy est une addition récente, officialisée seulement en 1961. Traditionnellement, en Lorraine, le prénom Remy ne portait pas d’accent aigu, une particularité régionale qui s’est maintenue longtemps dans l’usage local.
La signification du nom
Le nom « Saint-Rémy-aux-Bois » est composé de deux éléments distincts :
- Saint-Rémy : fait référence à saint Rémi, évêque de Reims au Ve siècle, célèbre pour avoir baptisé Clovis, roi des Francs.
- aux-Bois : indique la situation géographique du village, entouré de forêts, notamment la forêt de Charmes.
Cette dénomination reflète ainsi à la fois l’héritage religieux et l’environnement naturel qui ont façonné l’identité du village au fil des siècles.
Géographie et environnement : un écrin de verdure
Saint-Rémy-aux-Bois se distingue par sa situation géographique particulière, nichée entre plaines et forêts. Cette localisation a non seulement influencé son histoire mais continue de façonner son identité et son développement.
Situation géographique
Le village se situe dans le département de Meurthe-et-Moselle, en région Grand Est. Voici quelques données géographiques essentielles :
- Altitude du centre du village : 283 mètres
- Point culminant : 325 mètres (dans la forêt communale)
- Point le plus bas : 265 mètres (à l’entrée du Loro sur le territoire de Loromontzey)
Saint-Rémy-aux-Bois se trouve à proximité de plusieurs villes importantes :
- 12 km de Bayon
- 27 km de Lunéville
- 9 km de Charmes
Cette situation géographique, à mi-chemin entre plusieurs centres urbains, tout en restant ancrée dans un environnement rural, confère au village une position stratégique intéressante.
Le massif forestier de Charmes
L’un des éléments les plus caractéristiques de l’environnement de Saint-Rémy-aux-Bois est sa proximité avec le massif forestier de Charmes. Le village se trouve en bordure nord de cette vaste étendue boisée, qui joue un rôle crucial dans l’écosystème local et l’économie de la région.
Un chemin forestier, dit « de la Verrerie », traverse ce massif et relie le village à la verrerie de Portieux dans les Vosges. Cette voie historique témoigne des liens économiques et culturels qui unissent Saint-Rémy-aux-Bois à son environnement forestier depuis des siècles.
Hydrographie
Le réseau hydrographique de Saint-Rémy-aux-Bois est caractérisé par plusieurs ruisseaux qui irriguent le territoire communal. Tous ces cours d’eau appartiennent au bassin versant du Rhin et finissent par se jeter dans l’Euron. Parmi les principaux ruisseaux, on peut citer :
- Le Loro : prend sa source en amont de Mattecourt et traverse plusieurs communes avant de se jeter dans l’Euron à Froville.
- Le Pratieux : se jette dans le ruisseau de la Fontaine St-Claude.
- Le ruisseau de la Fontaine St-Claude : prend sa source sur le territoire de Saint-Germain et passe près du village.
- Le ruisseau de Viller : une petite partie de son cours se trouve sur le territoire communal avant de se jeter dans le Loro.
Cette richesse hydrographique contribue à la diversité écologique du territoire et a historiquement joué un rôle important dans l’économie locale, notamment pour l’agriculture et certaines activités artisanales.
Climat
Le climat de Saint-Rémy-aux-Bois est caractéristique de la région Lorraine, avec des influences continentales marquées. Selon les études récentes, on peut le qualifier de climat semi-continental. Voici quelques données climatiques importantes :
Caractéristique | Valeur |
---|---|
Température annuelle moyenne (1971-2000) | 9,5°C |
Amplitude thermique annuelle | 17°C |
Cumul annuel moyen de précipitations (1971-2000) | 932 mm |
Jours de précipitations en janvier | 12,4 jours |
Jours de précipitations en juillet | 9,8 jours |
Ces données climatiques ont une influence directe sur l’agriculture, l’habitat et le mode de vie des habitants de Saint-Rémy-aux-Bois. Les hivers rigoureux et les étés relativement chauds ont façonné l’architecture traditionnelle et les pratiques agricoles de la région.
L’histoire mouvementée de Saint-Rémy-aux-Bois
Au fil des siècles, Saint-Rémy-aux-Bois a connu une histoire riche en événements, alternant entre périodes de prospérité et moments difficiles. Cette histoire a profondément marqué l’identité du village et de ses habitants.
Du Moyen Âge à la Révolution : une seigneurie convoitée
Dès le Moyen Âge, Saint-Rémy-aux-Bois apparaît comme une seigneurie importante dans la région. Plusieurs documents historiques témoignent de son statut et des enjeux de pouvoir qui l’entouraient :
- 1399 : Mathieu de Saint-Rémy donne son dénombrement à Alix, comtesse de Vaudémont, pour ses possessions à Saint-Rémy.
- 1400 : Les habitants obtiennent des droits d’affouage dans les forêts de Thermes et de Tilles, soulignant l’importance des ressources forestières pour l’économie locale.
- 1421 : La moitié du village est engagée par le duc de Lorraine à son fils « bâtard de Belmont », illustrant les enjeux dynastiques et territoriaux de l’époque.
Ces mentions historiques révèlent un village au cœur des dynamiques féodales, où les droits seigneuriaux et les ressources naturelles étaient âprement disputés.
L’époque moderne : entre développement et conflits
À partir du XVIe siècle, on observe une série d’événements qui témoignent à la fois du développement du village et des tensions qui pouvaient exister :
- 1569 : Des lettres patentes accordent aux habitants le droit de prendre 100 jours (environ 20 hectares) de bois dans la forêt de Thermes, soulignant l’importance continue des ressources forestières.
- 1576 : Plusieurs seigneurs, dont Jean du Chastellet et Georges de Nettancourt, donnent leur dénombrement pour leurs possessions à Saint-Rémy, illustrant la complexité des droits seigneuriaux.
- 1615 : Jean de Noilhan, commandeur de Saint-Jean de Nancy, consent un bail sur ses droits à Saint-Rémy, montrant l’implication des ordres religieux dans l’économie locale.
Ces éléments historiques dépeignent un village en pleine évolution, où les intérêts seigneuriaux, religieux et communaux s’entremêlent, façonnant peu à peu l’identité de Saint-Rémy-aux-Bois.
Le XIXe siècle : entre crises et modernisation
Le XIXe siècle apporte son lot de défis et de changements pour Saint-Rémy-aux-Bois :
- 1857 : Une épidémie de choléra frappe durement le village, causant la mort de 27 personnes. Cet épisode tragique illustre la vulnérabilité des communautés rurales face aux crises sanitaires de l’époque.
- 1874 : Joseph Banier, garde et ancien combattant originaire de Saint-Rémy, décède à la fin de sa captivité. Son nom est inscrit au « tableau d’honneur de la Meurthe », témoignant de l’impact des conflits nationaux sur la vie du village.
Ces événements montrent comment Saint-Rémy-aux-Bois, malgré sa taille modeste, était pleinement intégré dans les grands mouvements de l’histoire nationale, subissant les conséquences des épidémies et des guerres qui ont marqué le XIXe siècle.
La Seconde Guerre mondiale : destruction et résistance
La période de la Seconde Guerre mondiale marque un tournant tragique dans l’histoire de Saint-Rémy-aux-Bois. Les événements de septembre 1944 vont profondément marquer le village et ses habitants :
- 5-7 septembre 1944 : Le village est incendié par les SS.
- Suite à l’incendie : Saint-Rémy-aux-Bois est bombardé et complètement rasé.
Ces journées tragiques sont restées gravées dans la mémoire collective, comme en témoigne le manuscrit de Georgette Simonin Guérin intitulé « Le martyre de mon village et la fin de mon enfance ». Ce document, ainsi que les témoignages d’autres villageois qui avaient entre dix et vingt ans à l’époque, constituent des sources précieuses pour comprendre l’impact humain de ces événements.
La destruction totale du village aurait pu signifier sa fin. Cependant, la résistance et le courage des habitants vont permettre sa renaissance. En reconnaissance de son rôle dans la libération de la France, Saint-Rémy-aux-Bois reçoit des honneurs significatifs :
- 11 novembre 1948 : Le secrétaire d’État aux Forces armées, Max Lejeune, souligne l’importance du rôle joué par le village dans la bataille pour la libération de la France.
- Citation à l’ordre de la division avec attribution de la Croix de guerre 1939-1945 avec étoile d’argent.
Ces distinctions témoignent non seulement de la souffrance endurée par le village, mais aussi de la bravoure de ses habitants face à l’adversité. Elles marquent le début d’une nouvelle ère pour Saint-Rémy-aux-Bois, celle de la reconstruction et de la renaissance.
La reconstruction : un défi colossal
Après la destruction totale du village en septembre 1944, Saint-Rémy-aux-Bois faisait face à un défi immense : renaître de ses cendres. Cette période de reconstruction, qui s’étendra sur plusieurs années, va profondément marquer l’histoire et le paysage du village.
Les baraques provisoires : un habitat d’urgence
La première étape de la reconstruction fut la mise en place d’un habitat d’urgence pour permettre aux habitants de rester sur place et de commencer à rebâtir leur vie. Cette solution prit la forme de baraques provisoires :
- Mai 1945 : Installation des premières baraques à la fin de la guerre.
- Objectif : Permettre aux paysans de se loger provisoirement et de reprendre leurs activités agric